Lorsque l’on entend le mot «photojournalisme», on pense tout de suite au Nachtwey, Capa, Saldago et autres grands maîtres de l’image nous rapportant un morceau de quotidien d’un pays plus ou moins lointain. Je crois sincèrement, par contre, qu’il ne faut pas perdre de vue les «histoires» qui se déroulent devant nos yeux, dans notre propre ville, notre propre quartier. C’est l’approche que j’aime bien prendre: ancrer mon quotidien dans les enjeux d’aujourd’hui.
Voici donc un extrait de l’un de mes projets: un photoreportage sur un lieu de création particulier lié au Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais (CIPTO), accompagné d’un court article sur sa coordonatrice, Mylène Piché: Le Lab.
À l’arrivée, c’est le son de la guitare électrique qui nous accueille. Les murs couverts de graffitis et d’œuvres de participants. Je remarque ensuite un jeune penché, concentré sur son travail, pinceau à la main. Mylène Piché me rejoint ensuite dans son élément: Le Lab.
De l’enseignement à l’intervention
Coordonnatrice de ce lieu de création depuis deux ans, elle me confie, lors de notre discussion, s’être d’abord intéressé à l’enseignement. N’étant pas satisfaite de «motiver des absences et de retourner du monde parce que les pantalons sont trop bas ou la bretelle n’est pas assez large», ou encore de devoir s’acquitter de plusieurs tâches connexes n’ayant aucun lien direct avec les jeunes, elle réoriente sa carrière vers l’intervention par les arts.
Elle m’avoue rapidement préférer son nouveau milieu dans lequel elle se trouve actuellement: «J’aime travailler avec des populations marginalisées. C’est facile de travailler avec des gens qui aiment faire de l’art, qui sont bons et qui ont de belles conditions de vie, mais ce n’est pas nécessairement ça qui m’intéressait.»
Exclure le «travail en silos»
Parfois interrompue par un jeune qui tente de comprendre le jargon officiel d’une lettre de son institution bancaire et par quelques coups de téléphone, on comprend alors son intérêt pour son travail: «Tu vois les jeunes qui sont en difficulté et tu veux les aider […], mais dans la réalité de l’école, tu ne peux pas.» Elle retrouve donc une façon de satisfaire son désir d’aider en ce lieu autour duquel gravitent, au total, environ 300 personnes différentes.
Ce qui permet de desservir une si grande variété de jeunes avec des bagages si différents, c’est l’approche des intervenants qui s’éloigne de la bureaucratie pour favoriser davantage un modèle libre et adaptatif: pas question de «travailler en silos», comme le souligne Mylène Piché, «On peut accueillir la personne avec l’ensemble de ses défis, et pas juste avec ses problèmes de toxicomanie.» Si les jeunes continuent à consommer, ils ont toutefois l’opportunité de vivre des succès, de rencontrer des gens positifs et d’avoir des intervenants prêts à les épauler s’ils veulent entreprendre diverses démarches, explique Mme Piché.
Soutenir l’initiative
Le Lab reçoit de bons commentaires de la part de la communauté, mais le financement demeure toujours le problème majeur : «Tout le monde trouve ça génial, on a un bon support de la communauté, mais quand je regarde mes colonnes de chiffres, ça ne se transpose pas. » Pour subvenir à leurs besoins, l’organisme est en constante recherche de fonds, entre autres, pour financer la location du local : «Il y a toujours des sous pour l’initiative, mais pas pour le soutien», ajoute Mme Piché.
En attendant, le succès de ce concept unique est au rendez-vous : au dernier vernissage, c’est près de 500 personnes qui se sont déplacées pour jeter un coup d’œil aux toutes dernières productions des artistes du Lab. La plupart ont même trouvé preneur!
httpv://www.youtube.com/watch?v=v0xkoXqWC8U
Comments on This Post
Liette ParentAuthor
Oh wow elle est super cette vidéo, bravo au réalisateur et à tous les participants… Je vous félicite pour tous ce que vous faites. Le monde a besoin de personnes comme vous avec une ouverture d’esprit et qui accepte l’unicité de chacun … Bravo spécialement à Mylène et Marie-Eve, lâchez pas vous faites du bon et beau travail!
Sébastien LavalléeAuthor
Merci Liette! Le Lab est effectivement un endroit unique en son genre: j’ai bien aimé mes rencontres!
mélodieAuthor
bonjours j’appuis votre persévétance.. les épreuves de la vie sont parfois tres dures a surmonter, mais on y arrive toujours il faut de la volonté ! courage jvous admire!!xxx
Sébastien LavalléeAuthor
Je n’ai rien remarqué de désagréable lors de mon passage, mais il faut aussi savoir que c’est un lieu d’entraide Et d’art: si certaines personnes ont vécu ou vivent des moments difficiles, les autres participants sont aussi là pour les «aider» d’une certaine façon.