Le véritable défi du sport paralympique

Après un passage à Pékin plus difficile que prévu – quatre médailles de bronze plutôt que les cinq d’or et une d’argent récoltées à Athènes en 2004 – Benoît Huot, nageur paralympique, croit que la place offerte à ces athlètes s’améliore, mais qu’il reste encore du chemin à faire : «Je fais partie de l’équipe nationale depuis 10 ans et je dois dire qu’il y a un grand changement : on a beaucoup plus de facilité qu’auparavant. C’est essentiellement une question de visibilité.»

Benoît Huot, nageur paralympique

Benoît Huot, nageur paralympique (© Sébastien Lavallée 2008)

Après avoir appris, en novembre 2007, que le Comité olympique canadien (COC) offrirait des bourses pouvant aller jusqu’à 20 000$ par médailles d’or aux athlètes olympiques, le nageur perçoit le tout d’un bon œil : «Le COC possède un budget plus élevé que celui du Comité paralympique canadien, mais il y a de moins en moins de différences entre ce qu’obtiennent les athlètes olympiques et ce que l’on obtient. On se dit que s’ils ont réussi à obtenir ces bourses, ce sera nous les prochains!»

«Si ce n’est pas à la télévision, ça n’existe pas!»

L’athlète se montre déçu de la couverture télé des Jeux paralympiques : «La visibilité apporte une grande différence: si ce n’est pas à la télévision, ça n’existe pas! Il y a eu des tentatives auprès de Radio-Canada, mais sans succès.» Il est donc nécessaire de faire connaître cette manifestation sportive par d’autres moyens aussi efficaces. À ce titre, Benoît Huot estime qu’il doit beaucoup à ses commanditaires: «Le fait de faire partie de l’Équipe Visa, un commanditaire olympique avant tout, offre plus de notoriété et de visibilité. Ce qui nous différencie des athlètes olympiques, c’est que la reconnaissance et le support ne sont pas les mêmes. Les commanditaires, comme Visa par exemple, sont souvent même obligés, s’ils veulent appuyer des athlètes, d’y inclure le volet paralympique.»

À ce sujet, il estime que des personnes telles que Chantal Petitclerc sont les mieux placées dans cette lutte: «C’est la meilleure ambassadrice pour la cause, pour le sport. Il n’y a pas de différence dans la perception des gens entre elle et Alexandre Despatie, par exemple. C’est aussi un emblème du sport paralympique par la nature de son handicap.»

Au-delà du handicap

Le problème de visibilité se fait sentir surtout pour les athlètes comme Benoît Huot pour qui le handicap n’est pas aussi apparent – il est né avec une malformation du pied – que celui de Chantal Petitclerc: «Le sport paralympique n’inclut pas seulement des handicaps majeurs. Il y a différentes catégories et les athlètes s’affrontent selon ces catégories. La plupart des gens ont de la difficulté à comprendre cet aspect du sport.» En ce qui concerne l’entraînement et l’implication personnelle, il n’y a cependant pas de différences entre les athlètes paralympiques et olympiques: « Le niveau des compétitions rivalise de plus en plus avec celui des évènements olympiques. Avant c’était surtout participatif, mais maintenant il y a plus de critères, c’est beaucoup plus du sport d’élite.»

Ce nageur, qu’un virus avait empêché de répéter son exploit d’Athènes lors des jeux de Pékin, se prépare déjà pour les prochains jeux, à Londres: «J’espère bien y être, j’aurais pu faire mieux à Pékin. Cependant, quatre ans c’est long, on ne peut pas prévoir ce qui va arriver entre-temps.»

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Publié dans Le Reporter de décembre 2008

Comments on This Post
Gérard Delisle

Merci pour cet article. Pas mal intéressant !

Mon fils Stéphane, qui travaille pour les Jeux de 2010, était à Pékin comme attaché de presse avec la mission canadienne.

Cadeau de Noel de Stéphane : un billet d’avion Ottawa-Vancouver, hébergement chez lui à Vancouver pendant que lui est à Whisler (resp. du centre média) ET deux billets pour patinage à vitesse.

Je suis un ”happy camper”. J’ai un an pour me déniaiser en découvrant les diverses disciplines ainsi que les athlètes qui y seront.

18 février 2009
Rendez-vous manqué et paranatation | untrentieme.com

[…] le blogue le 11 février 2009) alors que je rencontrais Benoît Huot pour la première fois depuis cette entrevue que j'avais réalisée avec lui au sujet du sport paralympique. Il était, samedi dernier, aux championnats Can-Am de paranatation qui se déroulaient au centre […]

19 juillet 2011
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